Au pays de l'ardoise, les traditions se sont perdues.
Mais on sait retracer de mille façons les souvenirs du passé.
Nous les faisons vivre au présent à travers diverses activités et le tourisme.
Vous pouvez par exemple visiter :
- "le Musée de l'ardoise" à Trélazé |
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- "La Mine Bleue", à Noyant-la-Gravoyère |
Vous pouvez aussi :
- déguster les "quernons d'ardoise" |
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Les Quernons sont de petits rectangles de chocolat blanc feuilletés à la nougatine, couleur ardoise. Ils ne sont pas le fait d’un confiseur mais d’un artiste, Maurice Pouzet (1921-1997). |
Depuis la fin du XIXème, on commence à extraire le schiste par des puits en profondeur.
Les mineurs extrayaient la pierre; les fendeurs, les rondisseurs, les querneurs fabriquaient des ardoises; les rouleurs apportaient des blocs de schiste aux fendeurs puis livraient l'ardoise élaborée.
Aujourd'hui, l'exigence de rentabilité a favorisé le développement de la production espagnole et a conduit à l'extinction des exploitations angevines.
En effet, à partir des années 1960, l'ardoise de l'Anjou cède progressivement le pas à l'ardoise espagnole pourtant de moins bonne qualité. Entre 1983 et 1993, l'effectif passe de 1700 employés à environ 500. Le dernier coup de massue est donné en 1997 avec 187 nouvelles suppressions d'emplois. Aujourd'hui, 240 salariés continuent de travailler pour les Ardoisières de Trélazé. Fermées les carrières à ciel ouvert ou les puits aux noms imagés comme les Grands Carreaux, la Forêt, l'Hermitage, la Dézière, le Pré Pigeon, la Renaissance ...
Le fendeur d'ardoises commençait son apprentissage très jeune ; il débutait la plupart du temps avec son père qui lui apprenait le métier. Au terme de son apprentissage, il recevait ses « guêtres » ; souvent il était baptisé d'un surnom : Nason*, Mitaine, Rigadin, Fer Blanc ... Les gars « d'à-bas » étaient les ardoisiers du fond de la mine et les gars « d'à-haut » les fendeurs sur la butte. Le travail était pénible tant au fond que sur le carreau et les occasions de faire la fête et de « partir en roule » se faisait sentir comme les soirs de paye où une partie était dépensée dans l'un des très nombreux cafés de la commune !
Avant la mécanisation, le fendeur travaille sur la butte à l'abri d'un tue-vent.
Il reçoit un bloc d'ardoise qu'il va devoir diviser en morceaux appelés « repartons » ; cette opération est appelée « quernage ». ces morceaux de taille proche de la future « ardoise » sont conservées dans un endroit humide. Ensuite, c'est le travail de la fente : il glisse le reparton entre ses jambes protégées de tissus lacés et chaussées de sabots et les sépare en « feuilles ». A cette époque, les outils lui appartiennent : ciseau à fendre, massue ... Enfin avec la machine à rondir, il taille l'ardoise pour lui donner une forme rectangulaire au bord légèrement biseauté - il faut trouver le sens de l'ardoise et l'oeil du fendeur est aiguisé.
Il ne faut pas oublier d'évoquer le travail des femmes qui ont commencé à être embauchées avec la première guerre aux environs de 1917, comme dans beaucoup d'endroits en France, car on commençait à manquer d'hommes; femmes dont les maris étaient soldats ou fillettes de 12 ans employées dans de grands et froids ateliers
Très tôt, les ardoisiers affirment un sens aigu de la revendication. Ils utilisent l'atout de leur qualification spécialisée pour obtenir des protections contre les accidents ou la maladie. De nombreux ardoisiers terminent leur vie atteint de silicose, maladie due à la poussière de la roche. Confrontés à de très dures conditions de vie et à la puissance des exploitants unis en Compagnie qui, depuis la moitié du XIX ème, gère l'embauche, le monde syndical émerge peu à peu et s'organise au fil des mouvements sociaux qui ponctuent l'histoire des ardoisiers.
* Un de mes oncles était surnommé "Nason" et c'est ainsi qu'enfants, nous aussi on le nommait.
Mais je ne connais pas le surnom donné à mon père et mes autres oncles.