Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pour la lettre W du #ChallengeAZ, plutôt que de wagons, je parlerai ici de trains, bien qu'ils y soient attachés et que les voyageurs s'y installaient. Pendant la guerre, les trains ont eu beaucoup d'importance pour le transport des vivres et du matériel ainsi que pour le transport des blessés vers les hôpitaux éloignés du Front.
 
 
Cliquer sur la carte pour l'agrandir
Victor von Röll (1852-1922) [Public domain], via Wikimedia Commons
 
Trois périodes se distinguent dans la vie de mon grand-père : la guerre et la vie terrible sur le Front; avant la guerre, ses études et la formation à son métier d'enseignant; après la guerre, principalement la vie familiale.
Tout au long de cette vie, un des progrès les plus marquants de cette époque a été le développement des chemins de fer qui avait commencé 60 ans avant sa naissance mais y prit à ce moment-là une grande importance.
Dans ce ChallengeAZ, j'ai déjà parlé des trains en rapport avec la vie quotidienne pour l'approvisionnement des troupes ainsi que pour les évacuations des blessés de la guerre.
 
Avant la guerre
 
A la fin de ses études à l'Institut des Frères de Ploërmel, Joseph va devenir enseignant puisque c'est la vocation de tous ceux qui sont recrutés par cet établissement.
Mais il doit d'abord effectuer son service militaire. C'est probablement par le train de Ploërmel à Vannes que, le 14 novembre 1903, il se rend à la convocation pour rejoindre la caserne. Là, il est temporairement réformé.
A la rentrée scolaire 1903, le directeur de l'institut nomme alors Joseph, instituteur à Méan, Saint-Nazaire. D'où est-il parti? Je n'en sais rien mais que ce soit de Sérent, Ploërmel ou Vannes, il a probablement pris le train encore une fois. C'était alors le meilleur moyen de voyager loin.
Il reste là une année puis on le déplace en septembre 2004 à Sion-les-Mines près de Châteaubriant; là encore, il a dû y parvenir par un train de Saint-Nazaire à Châteaubriant, soit en empruntant la ligne principale qui passe par Nantes ou les lignes locales; mais je n'en sais rien! Une dizaine d'années plus tard, c'est cette dernier parcours qu'il choisira pour rejoindre Châteaubriant puisqu'il voyagera vers le Nord-Ouest.
Son année terminée à Sion-les-Mines, un autre poste l'attend au pensionnat Toutes Aides à Doulon en octobre 1904, à cette époque détaché de Nantes. Mais le 21 novembre 1904, il est rappelé à l'activité militaire à Vannes au 116ème régiment d'infanterie. Là il emprunte très probablement le train de Nantes à Vannes passant par Redon pour s'y rendre.
C'est en septembre 1906, à la fin de ses obligations militaires, qu'il arrive à Sévérac, commune situé sur la ligne de Redon à Nantes, et devient directeur de l'école libre de Sévérac. Il y reste trois années durant lesquelles il fera connaissance avec sa future épouse. C'est fin août 1909 qu'ils se marient et qu'il emmène Mathilde dans une ville bien éloignée de là, elle qui n'a jamais quitter son village. L'été 2011, Joseph s'y rend seul en train pour préparer sa rentrée et envoie une carte à sa femme Mathilde qui l'attend chez sa mère en lui demandant de venir le chercher au train à Besné où il arrivera.
Carte envoyée de Saumur date où se préparait sa 2è rentrée scolaire là-bas
à quelques jours de cette rentrée, probablement qu'il rentrait chercher sa femme et sa fille aînée
après leurs vacances en famille
 
Chargés de bagages et de nourriture, ils montent dans le train qui les emmènent vers cette ville du Maine-et-Loire à plus de 200kms de là qui les accueillera trois années durant, là où Joseph deviendra directeur de l'école Notre-Dame de Nantilly, à Saumur. Deux filles y naîtront.
1913, un nouveau départ se profile encore, vers le Haut-Anjou, cette fois, où une nouvelle vie les attend. Les voilà repartis vers un nouvel horizon toujours en train ; ils se font conduire à Besné pour monter dans le train en partance vers Châteaubriant puis à Châteaubriant dans un autre train vers Pouancé et enfin destination finale dans le village ardoisier de Noyant la Gre. Un an passera qui verra naître un nouvel enfant, un garçon, que Joseph ne verra pas grandir les trois années à venir! En effet, le mois d'août 1914 verra la déclaration de guerre et le retour de la famille vers Sévérac empruntant le chemin inverse puis Joseph prenant la direction de sa caserne de Vannes. J'ai raconté son départ dans ce ChallengeAZ à la lettre D comme Départ.
 
La guerre
 
C'est le train encore une fois qui le conduira vers cette folie qui, pour lui, ne durera que trois années à peine, mais combien de souffrances!
Les transports sur son parcours militaires varieront. Beaucoup se feront en camions, quelques-uns en train tout de même. Le train, encore, qui apportera jusqu'à leur compagnie le ravitaillement que sa fonction de sergent fourrier lui demandait de gérer. Tout cela, je l'ai écrit dans un de mes derniers articles de ce challenge.
Puis ses évacuations du front par deux fois, dirigé vers les postes de secours puis les groupements d'ambulance. Ensuite, il sera dirigé vers un train sanitaire qui le transportera jusqu'à Bar-Le-Duc.
L'année suivante, l'urgence étant plus importante, il faudra employer les grands moyens, trains sanitaires jusqu'à l'hôpital de Châtillon-sur-Seine où il est soigné pendant quelques semaines. Il est ensuite dirigé vers Dijon, et quelques jours plus tard reprend le train en direction de Nantes, trajet dont je ne connais pas le détail. Après un voyage, sans doute très long et fatiguant, il est accueilli à Nantes où il restera jusqu'au mois d'août.
Le train fut à cette époque un moyen de transport très utilisé pour ces évacuations et certains cheminots y étaient réquisitionné, ainsi que l'avait été le beau-frère de Joseph, car il y avait de grands besoins dans ce secteur, de la même façon que d'autres pouvaient l'être dans leur profession exercée dans le civil avant la guerre.
utilisation non commerciale des documents libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source
17/4/26, locomotive du Paris Nord [photo de presse]/[Agence Rol]Bibliothèque nationale de France

 

Après la guerre
 
Dans plusieurs de mes publications du RDVAncestral ou RMNA, on peut suivre Joseph et sa famille dans leurs voyages où le train était l'unique moyen de transport pour les grands déplacements, mon billet «Septembre 1918» où Joseph, son épouse et ses quatre enfants repartent vers le Haut-Anjou qu'ils vont retrouver après quatre années d'absence.
Les années qui vont suivre verront la naissance de trois autres enfants.

Chaque année, toute la famille avait choisi de revenir passer les grandes vacances dans la famille de Mathilde. «Quelques jours avant le départ, une malle était envoyée, chargée du vestiaire familial»* ; puis, la famille prenait le train à la gare du village, toute proche de chez eux, emportant une autre malle qui, selon les souvenirs de ma mère, était pleine des chaussures de toute la famille ! Parents et enfants «embarquaient dans le train venant de Paris, à quatre heures du matin.»* A Châteaubriant, deux heures d'attente, pour reprendre un train vers Pontchâteau, puis une charrette ou un camion emportait la famille vers leur destination finale. Ce voyage durait huit heures dans un contexte pas très confortable dans ces wagons de troisième classe à l'époque n'étaient évidemment pas très confortables, sans couloirs de circulation, ni toilettes et avec ses «deux bancs de bois qu'on disait en noyaux de pêche»*.

J'ai déjà raconté ces vacances dans un des billets du RDVAncestral «Jean-Pierre un homme soucieux de sa famille»,
Les enfants y passaient de merveilleux étés et retrouvaient tous les membres plus ou moins éloignés de la famille. Plus tard, ma mère et son frère cadet feront ces kilomètres à vélo en seulement six heures.
D'autres voyages en train ont égayé la vie de la famille avec plus ou moins d'émotions; d'abord une véritable épopée avec le déplacement des petits et des grands début des années 1930 pour rencontrer l'aînée de la famille qui terminait son noviciat et qui était de passage à Paris. Cette expédition que raconte mon oncle avec malice dans ses mémoires! Il fallait faire rentrer au village les enfants dispersés dans les collèges de la région, puis «préparer le transport et les équipements, prévoir les horaires pour la journée à Paris. Tout fut rapidement réglé, le chef de famille ayant été pendant la grande Guerre chargé du transport, du ravitaillement et du cantonnement des troupes»*. Imaginons en effet l'expédition : huit enfants dont le plus jeune avait à peine 18 mois.
Puis arriva une autre guerre, et le fils aîné prit le train vers le Nord Est pour ne jamais revenir!
Dix ans encore, le fils cadet prononçait ses vœux de religieux à son tour. Là encore, le train dut être le moyen idéal pour transporter les sœurs, le petit frère, beaux-frères et belles-sœurs jusqu'à la basilique de Dreux, mais je n'en ai la certitude que pour quelques-uns d'entre eux.
Enfin, le jour où le dernier déplacement massif de la famille, enfants, petits-enfants, même un arrière petit-fils, neveux et nièces de Joseph, un frère et une belle-sœur arrivèrent, certains en car, d'autres en train, l'une en voiture et l'autre en scooter, afin de fêter dans le village de leur enfance les noces d'or de Joseph et de Mathilde.
J'ajoute ici que mes grands-parents ont habité, un temps, tout près de la gare, une maisonnette le long de la voie ferrée de notre village et qu'on adorait regarder passer les trains et faire de grand signe aux conducteurs qui nous répondaient avec les sifflets de leur machine!
 
 
C'est à partir de ce moment-là qu'on on peut se rendre compte des bouleversements dans les transports; après de très nombreuses années où le train fut un moyen pratique et très utilisé pour les déplacements ou les voyages, d'autres moyens de transports plus individuels se développèrent et qu'à ce moment-là le mode de vie allait changer.

 

* Citations des mémoires d'un oncle "Pêle-mêle de souvenirs"
 
 
Print Friendly Version of this pagePrint Get a PDF version of this webpagePDF
Tag(s) : #challenge az 2018, #Guerres
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :