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Hier pour la lettre X du #ChallengeAZ, j'ai abordé les dangers vécus par les poilus dans leurs combats, aujourd'hui je vais plus loin en essayant de montrer comment l'imagination humaine va toujours plus loin dans les inventions de nouvelles armes, comme les armes chimiques, particulièrement l'hypérite (le gaz moutarde) ...
 
 
Domaine public - Source Wikipedia
     
Le 22 avril 1915, au nord d'Ypres, en Belgique, un nuage jaune et verdâtre se répand non loin des tranchées françaises. Presque aussitôt, les soldats suffoquent et ressentent rapidement des  "picotements violents à la gorge et aux yeux, gêne respiratoire et toux irrésistible."
Plusieurs soldats tombent, quelques-uns se relèvent, reprennent la marche, retombent et, de chute en chute, arrivent enfin à la seconde ligne, en arrière du canal, où nous nous sommes arrêtés. Là, les soldats s'effondrent  et ne cessent de tousser et de vomir. raconte un poilu témoin de cette attaque chimique massive. Ils ont été atteints un gaz suffocant, le chlore.
Sur un front de six kilomètres, l’armée allemande a ouvert des réservoirs remplis de plus de 150 tonnes de chlore sous pression. On estime qu'environ 15 000 hommes ont été intoxiqués et plus de mille sont morts.
Après cette attaque de 1915, on cherche alors à trouver des moyens de fournir aux soldats les moyens de se protéger. En 1916, les premiers masques à gaz avec filtres à charbon apparaissent. la protection contre les gaz semble au point.
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Protection primitive contre les gaz
 Source Gallica - cliquez sur l'image
Source Gallica - cliquez sur l'image
 
Pourtant,dans la nuit du 12 au 13 juillet 1917, à nouveau près d'Ypres, les Allemands lancent des premiers obus remplis de gaz moutarde, qu'on appellera ypérite mot dérivé de Ypres.
La guerre chimique franchit un nouveau palier.
 
"On a considéré que c’est le 22 avril 1915 que, au mépris des engagements internationaux des conventions de la Haye, signés en 1899 et 1907 (qui condamnaient l’emploi de projectiles qui ont pour but unique de répandre des gaz asphyxiants ou délétères), les Allemands ont, les premiers, utilisé cette arme chimique massivement.
Cependant, dès le début de cette même guerre, «les Anglais et les Français avaient déjà des grenades et des cartouches suffocantes. Elles n’étaient pas mortelles mais elles étaient sternutatoires (elles provoquaient l'éternuement) ou gênantes pour la respiration» explique Jean-Claude Bernier, ancien directeur du département de chimie au CNRS.
 
Ce gaz très agressif, n'attaque pas seulement les voies respiratoires mais aussi la peau.
Il provoque des cloques, des brûlures sur la peau plusieurs heures après le contact, Les lésions des tissus mettent beaucoup de temps à guérir. Les zones moites de la peau sont plus touchées, ainsi que les muqueuses sensibles. 'il atteint les yeux il provoque une cécité temporaire.    
Ses vapeurs attaquent les voies respiratoires. Elles détruisent les muqueuses avec une détresse respiratoire. Les poumons sont atteints avec des emphysèmes et des œdèmes consécutifs à la présence de fluides qui peuvent entraîner une mort. Puis, le patient peut présenter une anémie, une baisse de la résistance immunitaire qui s'orientent vers des conséquences encore plus graves.
 
 «L’ypérite est la plus diabolique invention de cette guerre.» note Abel Ferry dans ses "carnets secrets 1914-1918" *
Abel Ferry écrit encore dans ces "carnets secrets 1914-1918" : «Un jour d’août 1917, des batteries françaises devant Verdun furent marmitées avec des obus à gaz. Le marmitage cessa. Des hommes sortirent des abris pour manœuvrer les canons. Quelques heures après, leurs mains étaient brûlées. L’un d’eux rapporta une couverture qu’il avait laissée à l’extérieur et se coucha dessus : le lendemain, son côté était brûlé et quelques jours après il mourait. Trois jours après, un officier pissait dans un trou d’obus : le lendemain ses parties étaient brûlées et avaient pris la forme d’un énorme boudin.» 
 
Après la guerre, de nombreux soldats frappés par l’ypérite continueront de mourir bien des années plus tard. Et, maintenant encore, chaque année, en France, plus de dix de tonnes d’obus chimiques datant de  cette guerre sont retrouvées.

Si en 1925, le Protocole de Genève interdit les armes chimiques, cela n’empêchera pas le gaz moutarde d’être utilisé jusqu’à la fin du XX ème siècle, sans parler de l'utilisation, au XXIème siècle, d'autres gaz en dépit de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques signée en 1993.

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Tag(s) : #challenge az 2018, #Guerres
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