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Sophie Boudarel nous a suggéré un #généathème en lien avec la journée mondiale du livre du 23 avril en partageant coups de cœur ou recommandations.
 
 
Ça tombe bien puisque je viens de lire le dernier livre de Danièle Sallenave intitulé «L'Églantine et le muguet». Je l'ai découvert par un article du Courrier de l'Ouest qui nous le présentait ; elle y raconte son périple en Anjou sur les chemins de ses origines familiales - suivant un triangle partant de Savennières aux Mauges puis de là à Combrée et ses environs revenant à son point de départ - qu'elle appelle "le fatal triangle".
La Loire

Étonnamment, il rejoint quasiment le parcours des ancêtres de ma lignée paternelle! Cela m'a donc tout de suite accroché. L'objet de son livre est de «mettre au clair» son idée de la "république", en étudiant l'histoire particulière de l'Anjou au travers des événements marquants de ces lieux, événements fortement inspirés par la tradition catholique : d'abord au temps des guerres de religions, puis de la terrible guerre de Vendée, jusqu'au XIXème siècle subissant encore le poids de la religion sur la politique et questionnant sa notion de «l'idéal républicain» et sa mise en œuvre dans la réalité.

 
Sa route partant du village où ses parents furent instituteurs la conduit vers le village natal de sa grand-mère aux abords du territoire qui fut celui des guerres vendéennes et l'amène ensuite jusqu'au pays du bocage segréen, des ardoises et des mines où sa mère débuta comme institutrice.
Parcours tellement proche de celui de ma lignée paternelle, des petits vignerons ou mariniers partant du berceau de leur famille, Savennières, pour rejoindre Saint-Georges-sur-Loire où ils deviendront fermiers au château de Serrant puis maîtres de postes. Parmi leurs descendants, l'un d'eux, mon sosa 32, engagé dans les guerres de Vendée probablement avec son père et ses frères dont on ne retrouve pas de traces, s'installe dans le Choletais où sa famille demeure jusqu'au milieu du XIXème, puis émigre près de la ville d'Angers avant que mon arrière grand-père, épousant une fille de meuniers du Bourg-d'Iré, ne rejoigne ce bourg situé tout près des mines d'ardoises, là où il trouvera du travail à la fin du XIXè siècle, village dont l'esprit et les influences que décrit si bien Danièle Sallenave est si différent dans chacune de ces deux localités.
 
Je retrouve dans ce livre bien des points de vue que j'ai observé tant dans mon enfance et mon adolescence quand je faisais mes études secondaires dans un établissement catholique au milieu d'élèves venues des quatre coins du départements, observations que j'ai affinées à l'occasion de mes recherches généalogiques, m'appuyant sur quelques documents historiques. Je ne suis pas allée aussi loin que l'auteure de ce livre puisqu'elle présente dans son livre, un tableau historique concernant plusieurs personnalités issus de cette zone de l'Anjou, toujours dans la perspective de faire ressortir leur point de vue politique basé sur leurs motivations religieuses … et pour d'autres leur engagement dans la Résistance,  et d'autres encore pour leurs fermes convictions de républicain.
 
Au contraire de l'auteure de livre qui a vécu son enfance dans le modèle de l'engagement de ses parents pour la laïcité, nous l'avons vécue aux côtés de notre lignée maternelle dans une famille imprégnée d'un catholicisme fervent avec trois générations d'enseignants catholiques et quelques prêtres, tradition qui cependant s'est étiolée au fil du temps à cause de déceptions, de mauvaises expériences ou des prises de conscience des uns ou des autres.
En ce qui concerne notre lignée paternelle, les convictions et la détermination des ancêtres "vendéens"* dans leur bataille pour le roi et la foi se sont amenuisé dans les générations suivantes du fait sans doute de leur appauvrissement et de la fragilisation de leur situation sociale.
En ce qui nous concerne, notre génération qui a connu les réformes catholiques de Vatican II puis mai 1968, a , selon les parcours, abandonné tout lien avec ces traditions, ou s'est engagé dans les mouvements catholiques ouvriers ou ruraux ce qui les a menés à se rapprocher, avec plus ou moins de force, de la vision de l'auteure de ce livre, vision qu'elle développe dans ce livre en trouvant des arguments, appuyés de très nombreuses citations, en défaveur des personnalités historiques qui ont agi en mettant en avant et imposant leur motivation religieuse dans leurs choix politiques, d'autant que comme elle nous remarquons le retour intransigeant aux traditions encore bien ancrées dans cet Anjou, que pourtant on avait cru s'ouvrir quelque peu depuis presqu'un demi-siècle.
 
Ce que m'a apporté ce livre, ce sont surtout des précisions sur la mentalité dans ce "triangle" de notre région, que nous percevons semblable à sa description ici, mais que personnellement, je n'imaginais pas aussi impliquée dans les choix de la société française du XIXè siècle, celui qui avait été si mal étudié à l'école (dont j'avais souvenir de noms et d'événements mais si peu de compréhension du déroulement et des conséquences de cette période) sauf en ce qui concerne, une des personnalités, A. de Falloux, le mieux connu de nous, dont la statue est installée dans le bourg tout proche du notre village natal où la mère de Danièle Sallenave a enseigné à ses débuts.

Par ailleurs, j'ai eu plaisir à la lecture de ce livre à retrouver des impressions et des images de paysages connus et d'ambiances familières et retrouver les chemins qu'ont foulés mes ancêtres.

 

A noter cette intéressante réflexion de l'auteure dans le C.O. du 10 avril 2018 et qui rejoint la démarche des généalogistes :

 

 

* vendéens nom donné aux combattant royalistes du choletais et de la Vendée  tandis qu'on attribuait le nom de chouans aux bretons

 

 

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Tag(s) : #Généathème, #Anjou
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