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A la fin des années cinquante, on ne parlait pas d'écologie!

Pourtant, je voyais tous les jours mes parents réutiliser les matériaux, jeter les déchets végétaux sur un "fumier", nous obliger à finir notre pain ou en faire des soupes ou d'autres plats, nous apprendre à ne pas gaspiller l'eau. Tout cela sans doute par souci d'économie financière. Ces habitudes nous ont marqués malgré, sans doute, certaines de nos négligences actuelles.

 

A cette époque vivait dans notre village un personnage au caractère bien trempé, garde-champêtre et musicien à ses heures. Sur sa mobylette ou à pied, il parcourait, vêtu de son éternel bleu de travail, les rues du village en criant : "peaux d'lapin ... pooooooooo, peaux d'lapin". C'était un bonheur pour nous, les enfants, quand il entrait dans la cour derrière notre maison, d'entendre sa voix, même retentissante. Il faut dire que ce timbre grave et puissant était un plaisir aux oreilles! C'est vrai qu'il était le "chantre" de l'église, le dimanche ou les jours de fête. J'entends encore sa voix grave et forte résonner quand il entonnait le "Minuit Chrétiens" à la veillée de Noël.
Ce personnage, haut en couleurs, présentait bien d'autres qualités originales comme celle - bien avant l'heure - de tenir coûte que coûte à la culture traditionnelle et naturelle de son jardin à l'époque où ses voisins ardoisiers commençaient eux à utiliser des traitements chimiques dans les leurs.

C'est sans doute cette attitude "écologique" avant l'heure tout autant que l'intérêt financier de l'affaire qui l'amenait à faire le tour de nos quartiers ouvriers pour récolter les petits bouchons d'aluminium ou les capsules que nous avions pris l'habitude d'écraser avant de les collecter dans une boîte; il nous en donnait quelques centimes en échange. Même si la valeur peut sembler minime, elle était pour nous symbole de chasse au gaspillage. En même temps, il récoltait les peaux de lapins qui avaient été dépouillés par notre mère sous les yeux de ses enfants ébahis par tant de dextérité. Après avoir évalué le poids de ces peaux avec son peson, il en donnait entre quelques centimes et un franc selon la quantité.

Alors mes parents lui offraient un verre et discutaient avec lui, puis le marchand de peaux de lapins repartait vers la maison des voisins en claironnant de sa voix forte : "Peaux d'lapin ... poooooooo, peaux d'lapin".

 

 

 

Tag(s) : #Mon enfance - ma jeunesse
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